« La médiation, un repère au cœur d’un monde en transition »

600 acteurs de la médiation venus des cinq continents, se sont réunis à Angers du 5 au 7 février, sans oublier l’Afrique, berceau de l’humanité et « terre de médiation ».

Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de participer à cet événement, et qui pensent au prochain colloque de ce type prévu en 2022, évoquons le sentiment partagé de gratitude envers des organisateurs angevins, qui ont tout mis en œuvre pour que les participants se sentent bien, recueillent des informations précieuses et puissent facilement se rencontrer.

Comme le confirment le programme détaillé [1] et la liste des exposants [2], la matière a été riche et variée.

Le ton était léger et grave, comme l’illustrait la colombienne Ana Milena Velasquez Angel évoquant ses rencontres avec des personnes en grande souffrance, ayant mis de côté son habit de chercheuse [3] pour celui de comédienne, exprimant ce que vivent les gens, et se montrant comme eux, humaine, imparfaite, dans l’échec et pleine d’humour. Curieusement, j’ai retrouvé une posture analogue dans la synthèse du congrès, restituée par les très sérieux Jacques Faget et Lise Casaux-Labrunée, qui eux aussi, ont laissé un temps leur habit de juristes et de professeurs pour celui de participants, évoquant leur ressenti du congrès, tout en se taquinant l’un l’autre, comme s’ils se parlaient dans l’intimité.

Le ton léger n’a rien enlevé à la profondeur, illustrée par des idées-forces :

  • Un changement culturel est nécessaire au développement de la médiation ;
  • La médiation est une forme de justice en soi, car elle a une aptitude à nourrir le sentiment de justice et contribue à construire la paix ;
  • La médiation est complémentaire du contentieux qui permet de défendre ses droits positifs ;
  • Il y a une bataille à mener pour préserver la souplesse de la médiation, contre les tentatives d’institutionnalisation et de rigidification ;
  • Ce n’est pas à la Chancellerie mais aux médiateurs eux-mêmes de proposer les textes sur la médiation, comme médiation21 a commencé à le faire ;
  • On peut mener le cheval à l’abreuvoir, mais pas le forcer à boire ;
  • Le changement de culture nécessite l’éducation du grand public.
  • Un journaliste de Paris-Match a couvert l’événement, car lui-même a été sauvé par un médiateur, lorsqu’il était pris à partie dans un quartier sensible.

Pour l’avenir, Gabrielle Planès et Patricia Mabosc invitent les responsables des autres structures de médiation à rejoindre le collectif Médiation21, en laissant un moment leur ego de côté. Hervé Carré espère élargir le prochain Congrès au grand public et aux jeunes. Cette perspective louable soulève à mon avis une question de fond : pour sensibiliser le public à la médiation, convient-il de parler de médiation, ou faut-il élargir le propos au cycle du conflit ? J’aurais tendance à privilégier la seconde voie, et proposer ainsi deux colloques, sachant que le marché de la formation à la médiation est aujourd’hui plus développé que celui de la médiation lui-même, et que, globalement, il y a plus de médiateurs formés que de demande de médiation.

En effet, comme l’indique le schéma ci-dessous, la médiation constitue la sixième étape du cycle du changement, marquée par un événement dérangeant, produisant un mal-être puis un conflit latent qui peut être interne à la personne, interpersonnel ou social.


Tout un chemin est alors nécessaire pour que la personne concernée :

  • apaise ses émotions de victime impuissante, ou d’agresseur trop puissant ;
  • découvre sa part de responsabilité et de liberté ;
  • objective la situation de conflit et fasse entendre sa voix ;
  • rencontre la partie adverse et entende son point de vue ;
  • reconstruise une solution porteuse d’avenir ;
  • mette en place des outils de protection pour prévenir l’escalade de la violence.

En préparation du prochain congrès, envisagé en 2022, Hervé Carré souhaite renforcer la collégialité entre les médiateurs et mettre en place des congrès régionaux.  Cette perspective nous semble cohérente avec les sessions euro-africaines de la médiation et du changement, initiées en 2019 et qui se prolongeront en 2020, avec un premier colloque envisagé le 7 avril à Aneho au Togo sur la médiation dans les conflits fonciers, et une série d’autres colloques menés avec l’association AVOMARC, le Conseil international de la médiation et pourquoi pas, la ville d’Angers, jumelée avec Bamako.

Alain.Ducass@energeTIC.fr

Consultant coach et médiateur,

Rédacteur en chef d’Afrique médiation info

https://energeTIC.fr/mediation +336 8546 1982

[1] https://www.mediations2020.com/programme-mediations2020

[2] https://www.mediations2020.com/copie-de-programme

[3] Participante à l’atelier Médiation interculturelle, comédienne et chercheur http://www.theses.fr/2013PA030005



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